Les produits laitiers posent des problèmes à de nombreuses personnes en raison des problèmes d’allergies (IgE ou IgG) aux principales protéines des laits animaux et/ou à cause de l’intolérance au lactose, voire accessoirement en raison de leur richesse en acides gras saturés et en cholestérol. Toutefois, on nous dit par ailleurs que la prise de laitages est indispensable au développement puis au maintien d’un capital osseux suffisant pour éviter l’ostéoporose plus tard au cours de la vie.
Alors, mythe ou réalité?
Commençons par examiner la prévalence de l’ostéoporose dans les pays où la consommation de produits laitiers reste anecdotique, par exemple en Asie. Eh bien, on y trouve très peu d’ostéoporose en fait, ce qui soulève pour le moins quelques interrogations. Ensuite, identifions les pays où on consomme le plus de produits laitiers, comme dans le Nord-Ouest de l’Europe et en Amérique du Nord, puis étudions la fréquence avec laquelle leurs habitants souffrent d’ostéoporose. Eh bien, c’est là qu’il y a le plus de cas d’ostéoporose... ennuyeux, n’est-il pas?
Il faut dès lors que quelqu’un m’explique pourquoi ces constations épidémiologiques simples vont totalement à l’encontre du «dogme de l’ostéoporose». Voyons à présent cette fameuse étude des infirmières américaines tant décriée par l’industrie laitière – on va vite comprendre pourquoi !
C’est à mon point de vue une étude implacable sur le plan statistique car elle concerne 77.761 infirmières suivies pendant 12 ans, soit ce que j’appelle l’étude portant sur un million d’années/patients. Voilà de quoi, me semble-t-il, nous rassurer quant à la solidité des enseignements statistiques que l’on peut tirer de cette étude prospective.
Les auteurs de cet article publié en 1997 dans l’American Journal of Public Health ont identifié deux sous-groupes : les infirmières «qui consomment des laits animaux» définies comme celles buvant au moins deux verres de lait par jour d’une part, et les infirmières « ne consommant pas de lait » définies comme celles buvant au maximum un verre de lait par jour d’autre part. Il ne nous reste plus qu’à comparer l’incidence relative des fractures de la hanche ainsi que de l’avant-bras dans les deux groupes.
Faut-il se montrer surpris que nous trouvions 45% de fractures de la hanche en plus dans le groupe des... buveuses de lait ? Ces dernières courent moins de risque relatif de se fracturer l’avant-bras, mais quand même 5% de plus que leurs collègues non-buveuses de lait. Bref, le mythe du «lait indispensable pour de bons os» ne résiste pas une seconde à l’analyse objective des données et des faits, point à la ligne.
Il reste à comprendre pourquoi le calcium abondant dans les laits animaux ne profite pas à de nombreux individus. Il se peut que les multiples problèmes d'allergies et d'intolérance fassent tant de dégâts à la muqueuse intestinale que l'absorption du calcium s'en trouve compromise. Ceci affecterait non seulement l'incorporation du calcium des laitages mais aussi celle du calcium provenant des autres sources alimentaires : légumes verts, graines, oléagineux, eaux minérales. Cela reste une hypothèse mais elle est séduisante : avez-vous jamais vu une vache manger un yoghourt ? Non, tout ce calcium vient de l'herbe et uniquement de l'herbe !
Loin de moi l'idée d'interdire les produits laitiers à tout le monde, mais que ceux qui réagissent négativement – allergies ou intolérance – ne fassent plus l'objet de critiques acerbes les menaçant de voir leurs os tomber en poussière dès l'arrêt de la consommation. Le règne de cette pensée unique n'est plus du tout acceptable aujourd'hui, d'autant plus que les patients privés de produits laitiers à bon escient ne voient pas leur densité osseuse chuter, que du contraire, à condition d'être correctement conseillés quant aux alternatives… et elles sont nombreuses.
Outre les aliments déjà cités, il faut mentionner les laits végétaux enrichis en calcium et les petites sardines entières. Insistons enfin sur le top du top : les graines de tournesol !
Et arrêtons d'exiger que nos écoliers consomment obligatoirement « trois laitages par jour » !
A la prochaine pour les : 7. Les Désillusions des Biphosphonates